Bien que les sources manquent pour vérifier sa véracité, une tradition tenace attribue à saint Éloi l’établissement, au VIIe siècle, d’un ermitage au Mont-Alban, situé à deux lieues d’Arras au milieu de bois impénétrables. L’évêque de Noyon, venu évangéliser le nord de la Gaule, s’y serait adonné à la méditation et à la contemplation. Pour Adolphe de Cardevacque l’ombre et le silence des bois lui faisaient aimer cette retraite où il puisait de nouvelles forces et de nouvelles lumières pour se livrer avec ardeur aux rudes labeurs de l’épiscopat .

Saint Vindicien, évêque de Cambrai et disciple et saint Éloi, dont il tire le goût pour la vie contemplative, fait de la colline son lieu de sépulture. Une première communauté cénobitique se forme au Mont-Alban rebaptisé Mont-Saint-Éloi. Ce n’est que vers 930, après la découverte miraculeuse du tombeau de saint Vindicien, que l’évêque Fulbert y fonde une abbaye pour y accueillir les saintes reliques.

Réformée par l’évêque Lietbert qui impose une observance régulière, l’abbaye se développe et s’enrichit à partir du XIe siècle. En 1139, le pape Innocent II confirme qu’elle appartient à jamais à l’ordre canonial organisé suivant les principes de la règle de saint Augustin.

Bulle d’Innocent , octroyant quarante jours d’indulgence aux pénitents et confessés qui viendront chaque année en pèlerinage à l‘église Saint-Vindicien du Mont-Saint-Éloi, à l’occasion de la fête patronale, Pérouse, 18 janvier 1252. Archives départementales du Pas-de-Calais, 17 H 1.

 

Lettre de Louis , accordant à l’abbaye l’exemption, sur ses terres, de tout péage, tonlieu, pontage, vinage ou autres droits d’exactions pour tout ce qu’elle ferait venir à son usage par terre ou par eau, Paris, 16 juin 1260. Archives départementales du Pas-de-Calais, 17 H 1.

Jean, dit de Barastre, élu par ses frères quinzième abbé du Mont-Saint-Éloi en 1248, fonde une école dans le monastère et fait étudier plusieurs moines à l’université de Paris.

L’abbaye acquiert une grande renommée et Jean attire l’affection de Saint Louis qui, dit-on, "aimait à le consulter dans les choses difficiles".

Le roi, de retour de croisade, lui aurait fait don d’un morceau de la Croix et d’une épine de la couronne du Christ.

Extrait de l’histoire de l'abbaïe du Mont-Saint-Éloi-lez-Arras par André Levaillant. Copie réalisée par le sieur Bultel, conseiller au Conseil d’Artois de 1751 à 1755. Archives départementales du Pas-de-Calais, Ms 62.

L’abbé André Levaillant, bachelier en théologie, abbé du Mont-Saint-Éloi, rédige en 1624 une chronique de l’établissement religieux depuis les origines les plus lointaines. 

Bulle du pape Alexandre IV, concédant à l’abbaye du Mont-Saint-Éloi le droit de percevoir les menues dîmes en plus des grosses dîmes qu’elle perçoit déjà sur ses terres, Latran, 11 mai 1256. Archives départementales du Pas-de-Calais, 17 H 1.

L’abbé André Levaillant, bachelier en théologie, abbé du Mont-Saint-Éloi, rédige en 1624 une chronique de l’établissement religieux depuis les origines les plus lointaines. 

 

Vue de l’abbaye au XIVe siècle. Reproduction d’une gravure de Beaulieu-le-Donjon éditée en 1667. Atlas des planches annexées à l'histoire de Mont-Saint-Éloi d’Adolphe de Cardevacque, Douai, imprimerie de A. Robaut, [1872]. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHD 22/6.

Il est assez difficile d’avoir une représentation précise de l’abbaye au Moyen Âge, tant les sources iconographiques sont insuffisantes et le plus souvent tardives. Quelques vues cavalières du XVIIe siècle, dont celles de Beaulieu-le-Donjon ou de Charles de Croÿ, permettent d’appréhender l’organisation des bâtiments. 

Sceau de l’abbé Jean II. Atlas des planches annexées à l'histoire de Mont-Saint-Eloi d’Adolphe de Cardevacque, Douai, imprimerie de A. Robaut, [1872]. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHD 22/6.

L’abbé Jean II est l’auteur du sceau établi pour l’usage de l’abbé et du couvent . Il est nommé évêque en 1182 par le pape Urbain III et obtient le droit de porter la mitre et la crosse, s’attirant la jalousie de l’évêque d’Arras. 

Restes de l’abbaye. Entrée principale, côté extérieur. Atlas des planches annexées à l'histoire de Mont-Saint-Éloi d’Adolphe de Cardevacque, Douai, imprimerie de A. Robaut, [1872]. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHD 22/6.

L’abbé Vindicien Roussel fait remplacer l’ancienne entrée par une porte plus moderne dont on peut voir encore aujourd'hui les vestiges du jambage gauche.

Vue du quartier abbatial. Atlas des planches annexées à l'histoire de Mont-Saint-Éloi d’Adolphe de Cardevacque, Douai, imprimerie de A. Robaut, [1872]. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHD 22/6.

Les bâtiments médiévaux, endommagés par les guerres et les intempéries, notamment par un ouragan en 1735, sont détruits au début du XVIIIe siècle.
"Le quartier abbatial dans lequel rien ne devait manquer tant à la vie qu'à l'agrément" est construit entre 1727 et 1733.